Le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication – Département de la Culture, a récemment lancé un appel à propositions pour le programme de travail 2023-2025 relatif à la coopération culturelle entre le Maroc et la Wallonie-Bruxelles/Belgique. Ce programme a pour objectif de soutenir la professionnalisation des équipes de gestion et d’animation des espaces culturels et des industries culturelles et créatives du Maroc. Il s’agit d’accompagner ces équipes dans la mise en œuvre de projets conjoints entre le Maroc et la Wallonie-Bruxelles.
Selon le ministère, cet appel à propositions concerne les régions de Rabat-Salé-Kénitra, Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et l’Oriental, et sera lancé chaque deux ans pour soutenir le partenariat entre deux structures jumelées (espaces culturels, associations culturelles, incubateurs culturels, etc.) autour d’un projet ou de coproduction culturelle (à hauteur de six projets).
Ce projet structurant permettra aux deux équipes marocaine et belge francophones d’échanger les bonnes pratiques, de développer le dialogue culturel entre les deux communautés et de renforcer mutuellement leurs compétences en matière de gestion et de médiation culturelle. Les deux parties veilleront à soutenir ces collaborations à travers le financement de mobilités internationales et de stages professionnels, ainsi que l’organisation d’activités sur les deux territoires.
Toutefois, l’appel à propositions sera soumis à l’arbitrage de la Commission mixte permanente (CMP) Maroc-Wallonie Bruxelles qui se tiendra à Rabat du 15 au 17 mai 2023. Il ne peut donc être considéré comme accepté que sur base de la notification officielle que le ministère adressera au responsable du projet et selon les modalités précisées par le procès-verbal de la CMP.
Les projets doivent être envoyés avant le 21 avril courant, au ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication- Département de la Culture- Division de la Coopération sur l’adresse électronique « [email protected] ». La contribution du ministère par projet /an est à hauteur de 100.000 DH, et la Commission mixte permanente se prononcera sur l’opportunité d’inscrire les projets au programme de travail dans les limites des disponibilités budgétaires, en se basant notamment sur les avis des experts sollicités à cet effet.
Bien que la coopération culturelle entre le Maroc et la Wallonie-Bruxelles soit une initiative louable, il est important de se demander si elle répond vraiment aux besoins et aux attentes des acteurs culturels marocains. En effet, la professionnalisation des équipes de gestion et d’animation des espaces culturels et des industries culturelles et créatives du Maroc est certes une priorité, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la reconnaissance et de la promotion de la culture marocaine.
Dans une période où la culture maroc dans une période où la culture marocaine peine à se développer et à trouver sa place dans un contexte de mondialisation culturelle, il est crucial de ne pas perdre de vue l’importance de préserver et de valoriser les traditions et les pratiques culturelles locales.
Il est également important de se questionner sur la pertinence d’une coopération culturelle avec la Wallonie-Bruxelles, qui, bien que francophone, est une région européenne qui a sa propre culture et ses propres priorités. Ne serait-il pas plus judicieux de chercher des partenariats avec des pays et des régions ayant des similitudes culturelles plus fortes avec le Maroc, comme les pays africains ou arabes?
En outre, il est regrettable que le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication ne prévoit qu’une contribution financière limitée de 100.000 DH par projet/an, ce qui peut être insuffisant pour mener à bien des projets ambitieux et durables. Il est important de souligner que la culture n’est pas un secteur économique comme les autres, et que son développement ne peut pas se faire sans un soutien financier solide et pérenne.
Enfin, il est regrettable que le ministère ne prévoit pas de mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact réel de cette coopération culturelle sur la professionnalisation des équipes de gestion et d’animation des espaces culturels et des industries culturelles et créatives du Maroc. Il est important de se demander si cette coopération ne risque pas de se limiter à des échanges symboliques et superficiels, sans réellement contribuer au développement culturel et artistique du pays.
En conclusion, bien que l’initiative de coopération culturelle entre le Maroc et la Wallonie-Bruxelles soit une démarche louable, il est important de se poser des questions critiques sur ses objectifs, ses modalités de mise en œuvre et ses résultats attendus. Il est crucial de ne pas perdre de vue l’importance de préserver et de valoriser la culture marocaine, et de chercher des partenariats plus pertinents et plus ambitieux pour son développement. Enfin, il est important de doter le secteur culturel d’un financement solide et pérenne, et de mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact réel des initiatives de coopération culturelle sur le développement culturel et artistique du pays.