La tension diplomatique entre la France et l’Italie est en train de monter d’un cran. Depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir en Italie, les relations entre Paris et Rome sont de plus en plus tendues, sur fond de divergences politiques et d’escalade verbale.
Cependant, les dernières déclarations du ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, sur les échecs du gouvernement italien dans la gestion des questions migratoires, ont une portée politique bien plus large. En ciblant ainsi Giorgia Meloni, Darmanin visait en réalité à démystifier la star montante de la politique française, Marine Le Pen, et à la mettre en difficulté sur son terrain de prédilection.
Pour la classe politique française, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie avec la victoire de Giorgia Meloni est le scénario craint pour les élections présidentielles de 2027, où Marine Le Pen est donnée favorite par de nombreux sondages. Et comme Emmanuel Macron ne pourra pas prétendre à un troisième mandat, l’hypothèse d’une arrivée de Marine Le Pen à l’Elysée devient de plus en plus probable.
Dans ce contexte, l’Italie est devenue un laboratoire grandeur nature de la mise en application des idées de l’extrême droite au pouvoir, notamment sur les questions migratoires. Plus Giorgia Meloni échoue dans sa gestion de ces questions, plus cela devrait impacter la crédibilité de Marine Le Pen en France. C’est pourquoi l’attaque violente de Gérald Darmanin contre Giorgia Meloni vise en réalité à dénoncer le manque de crédibilité de Marine Le Pen sur ces questions.
Cette tension diplomatique entre la France et l’Italie ne date pas d’aujourd’hui, elle remonte à l’époque où Nicolas Sarkozy avait mobilisé la communauté internationale pour démanteler le régime de Mouammar Khaddafi en Libye. Rome voyait d’un très mauvais œil l’activisme militaire français dans la région.
En s’attaquant frontalement aux failles du gouvernement Meloni sur la question migratoire, Gérald Darmanin cherche aussi à s’imposer comme le possible rempart contre l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir. Convaincu de ses ambitions politiques, il envisagerait même de remplacer Elisabeth Borne le jour où Emmanuel Macron décidera de mettre fin à son contrat, tout en s’imposant à la fois à la droite et à la Macronie comme l’homme capable de défier l’extrême droite sur son terrain de prédilection.
Dans tous les cas, cette crise de nerfs entre Paris et Rome témoigne de l’importance cruciale que les questions migratoires jouent dans le débat politique européen, et plus particulièrement dans les élections présidentielles françaises à venir. Les tensions risquent de se poursuivre, et les relations entre les deux pays de se dégrader encore davantage, à mesure que les élections se rapprochent.