Maroc: Le gouvernement marocain étudie un projet de loi visant à créer une commission temporaire pour gérer le secteur de la presse et de l’édition, une décision qui suscite l’inquiétude et la critique.
Le gouvernement marocain a annoncé qu’il examinera aujourd’hui un projet de loi controversé visant à créer une commission temporaire pour gérer le secteur de la presse et de l’édition. Cette décision intervient alors que le délai légal pour le Conseil national de la presse s’achève, sans qu’aucune nouvelle élection n’ait été organisée.
La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et l’Université nationale de la presse, des médias et de la communication (UNPMC) ont exprimé leur stupéfaction et leur étonnement face au contenu du projet de loi. Ils y voient une atteinte à l’image du Royaume en matière de droits humains et un recul dangereux pour l’indépendance de la presse dans le pays. Ces instances dénoncent notamment l’ingérence de l’exécutif dans l’autorégulation de la profession.
Le communiqué conjoint des deux organisations révèle qu’au lieu d’activer les exigences de l’article 54 de la loi instituant le Conseil et de convoquer la commission de surveillance des élections présidée par un juge, le projet propose une solution fabriquée. Il prolonge, en pratique, une partie du conseil avec le même président sortant et une partie des présidents de commission appartenant aux mêmes organisations professionnelles qui ont exprimé leur rejet des élections. Le communiqué déplore également l’exclusion flagrante des deux principales composantes du conseil, la FMEJ et l’UNPMC.
Le texte souligne l’étrangeté de la situation : la commission temporaire se voit conférer tous les pouvoirs disciplinaires, d’arbitrage et de réhabilitation du Conseil, ainsi que les pouvoirs de délivrer et de retirer la carte de presse. Cependant, deux comités sont exclus du projet, car leurs présidents appartiennent à la FMEJ, et le représentant de l’Union marocaine du travail est également écarté.
La FMEJ et l’UNPMC mettent en garde contre les risques de règlement de comptes et de pérennisation de l’intérim. Elles estiment que la prorogation d’une partie du conseil pour une durée de deux ans est pratiquement une nomination dans une nouvelle formule pour le conseil, similaire à celle proposée dans un projet de loi malheureux qui a été abandonné grâce à des mains sages.
Le communiqué dénonce également la complicité ouverte de l’administration et l’atteinte au droit des journalistes à choisir leurs représentants. Il rappelle que le chapitre 28 de la constitution encourage les autorités publiques à s’autoréguler, rendant ainsi inconstitutionnel le projet de loi.
Face à cette situation, la FMEJ et l’UNPMC appellent le premier ministre à geler ce projet et à revenir aux organisations professionnelles. Elles demandent également de recourir à la constitution et à la loi pour soumettre le projet aux partenaires concernés.
Les deux instances se disent prêtes à lutter contre ce « projet surréaliste » par tous les moyens légaux à leur disposition. Elles appellent les « sages du pays » à mettre un terme à cette situation, soulignant que de tels agissements sont incompatibles avec les principes du pluralisme et de la démocratie.
La liberté de la presse est un pilier essentiel de la démocratie, et il est crucial que les médias puissent opérer sans ingérence gouvernementale. Ce projet de loi, s’il est adopté, pourrait saper l’indépendance et l’autorégulation de la presse marocaine, ce qui serait préjudiciable pour le pays et sa réputation internationale.
Il est essentiel que le gouvernement marocain entende les préoccupations de la FMEJ et de l’UNPMC et travaille avec elles pour garantir la liberté et l’indépendance de la presse. Ce n’est qu’ainsi que le Maroc pourra continuer à promouvoir le pluralisme et la démocratie, et à défendre les droits humains et la liberté d’expression.