La question de l’égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage reste encore très controversée au Maroc malgré l’article 19 de la Constitution de 2011 qui consacre ce principe. La règle selon laquelle un homme perçoit le double de la part d’une femme dans la succession continue d’être considérée comme sacrée.
Mais le ta’sib, un héritage par agnation est la règle la plus décriée. Selon cette règle, les plus proches parents d’un défunt qui n’a pas de fils deviennent ses héritiers. Cette disposition pénalise surtout les femmes, en particulier les plus précaires qui se retrouvent du jour au lendemain « chassées de leur maison ou privées de leurs biens au profit de personnes parfois qu’elles ne connaissent même pas ».
Cependant, la réforme du Code de la famille pour instaurer davantage d’égalité entre hommes et femmes est confrontée à une opposition farouche du Parti Justice et développement (PJD), qui qualifie ces revendications d’égalité de « développement périlleux » et estime qu’elles constituent une « menace pour la stabilité nationale ». Un groupe de travail a toutefois publié un recueil de propositions en faveur des libertés individuelles, notamment sur l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage.
Dans son discours du Trône prononcé en juillet 2022, le roi Mohammed VI a ouvert la voie à une révision globale du Code pénal et du Code de la famille (Moudawana) pour instaurer davantage d’égalité entre hommes et femmes. Mais les partis politiques semblent attendre un arbitrage royal sur la moudawana, à travers la mise en place, comme en 2004, d’une commission royale, ce qui rend pessimiste Ghizlaine Mamouni, présidente de l’association Kif Baba Kif Mama, qui déplore cette situation de précarité et d’injustice vécue par des femmes et des enfants.
En somme, le droit des femmes à l’héritage reste encore un sujet tabou au Maroc et nécessite une réforme urgente pour mettre fin à cette injustice flagrante et pour permettre une véritable égalité entre tous les citoyens.