QuaDream ferme ses portes après avoir échoué à obtenir l’autorisation de vendre son logiciel d’espionnage « Reign »
Le monde de la cybersécurité est en émoi après la révélation d’un scandale par le journal israélien « Haaretz ». Selon plusieurs sources bien informées, QuaDream, une entreprise israélienne spécialisée dans le développement de logiciels d’espionnage, a décidé de fermer ses portes. La raison ? L’entreprise n’a pas réussi à obtenir l’autorisation nécessaire pour vendre son logiciel d’espionnage avancé, « Reign », à de nouveaux clients, dont le Maroc.
QuaDream n’est pas une entreprise ordinaire dans le domaine de la cybersécurité. Elle est connue pour son innovation et son audace. Cependant, malgré ses efforts et ses investissements massifs dans le développement de nouveaux produits et capacités, elle n’a pas réussi à les faire mûrir et à les commercialiser. Parmi ces produits, on trouve une extension de son programme d’espionnage « Reign », capable d’infiltrer les appareils Android, et une nouvelle forme de logiciel d’espionnage, qualifiée de « terrifiante » par certaines sources.
Face à l’incapacité de conclure de nouveaux accords et à l’échec de ses efforts de développement, QuaDream a décidé de minimiser ses pertes et de fermer ses portes. La société cherche maintenant à vendre certains de ses actifs à des concurrents locaux, et ses équipes de recherche et ses employés qui partent passent des entretiens avec d’autres entreprises d’électronique offensive.
La révélation de Blue Spear, un programme d’espionnage inconnu
Un autre élément intrigant de cette affaire est la révélation de l’existence de Blue Spear, un programme d’espionnage jusqu’alors inconnu. Des parties du code de QuaDream, probablement divulguées par erreur par l’un des employés, ont révélé non seulement l’existence du virus Reign, mais aussi celle de Blue Spear. Ce dernier semble fonctionner comme une interface web permettant d’infecter les appareils ciblés.
Cette révélation soulève de nombreuses questions sur la sécurité des informations et la protection de la vie privée. Si un programme d’espionnage aussi avancé que Blue Spear peut être accidentellement révélé, qu’en est-il des autres programmes qui pourraient encore être cachés ? Et quels sont les risques pour les individus et les organisations qui pourraient être ciblés par de tels logiciels ?
La mauvaise réputation de NSO et la « diplomatie électronique » de Netanyahu
NSO, une autre entreprise israélienne de logiciels espions, a toujours eu du succès en Occident et domine toujours le marché européen. Cependant, elle a acquis une mauvaise réputation pour avoir travaillé avec des clients dans des parties moins démocratiques du monde grâce à des ventes activement soutenues etpromues par Israël dans le cadre de la « diplomatie électronique » du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Cette stratégie de « diplomatie électronique » a été largement critiquée pour son manque de transparence et son potentiel d’abus. Les critiques soutiennent que la vente de logiciels d’espionnage à des pays qui ont un bilan discutable en matière de droits de l’homme pourrait faciliter la surveillance abusive et la répression des dissidents et des minorités.
Un accord avorté avec le Maroc
Au cours des deux dernières années, QuaDream a eu des discussions avec au moins quatre pays, où les discussions ont initialement reçu le feu vert d’Israël. Cependant, les transactions finales n’ont pas abouti. La plus grande affaire était avec le Maroc, et selon ce qui a été rapporté, les discussions ont commencé en août 2021.
Le Maroc, qui a normalisé ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham, a longtemps été considéré comme un client de NSO. Cependant, Israël a empêché le Maroc d’importer de la technologie électronique après que des rapports ont indiqué qu’il avait abusé de Pegasus pour cibler des hauts fonctionnaires en Europe, y compris en France et en Espagne.
Le Maroc sous le feu des critiques pour l’espionnage présumé de fonctionnaires internationaux
Le Maroc est considéré parmi les pays auxquels ont été pointés du doigt pour l’utilisation présumée de Pegasus pour espionner des fonctionnaires internationaux, dont le président français, Emmanuel Macron. L’origine de la crise entre les deux pays est généralement attribuée au dossier Pegasus, tandis que Rabat affirme que la tension est due aux préoccupations de Paris quant à l’expansion marocaine en Afrique de l’Ouest.
Ces accusations ont soulevé de sérieuses questions sur l’utilisation des logiciels d’espionnage et sur la manière dont ils peuvent être utilisés pour violer la vie privée et les droits de l’homme. Elles ont également mis en lumière la nécessité d’une réglementation plus stricte et d’une plus grande transparence dans l’industrie de la cybersécurité.
Les implications de ce scandale pour l’industrie du logiciel espion
Ce scandale soulève de nombreuses questions sur l’industrie du logiciel espion et les implications éthiques de la vente de tels logiciels à des pays étrangers. Il met également en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises de cybersécurité pour équilibrer les besoins de sécurité avec les préoccupations en matière de vie privée et de droits de l’homme.
En conclusion, le refus d’Israël de vendre le programme d’espionnage avancé de QuaDream au Maroc est un développement significatif qui pourrait avoir des répercussions sur l’industrie du logiciel espion et les relations internationales. Il reste à voir comment cette situation évoluera et quelles seront les conséquences pour les parties impliquées.