Au Maroc, la liberté d’expression connaît des jours sombres. Le cas de Hanane Bakour, cette journaliste marocaine qui risque jusqu’à trois ans de prison ainsi qu’une amende pour une simple publication sur Facebook, en est la preuve flagrante. Accusée de « distribution de faits mensongers en vue de porter atteinte à la vie privée des personnes » en relation avec une publication dans laquelle elle critiquait l’organisation d’une élection locale par le parti au pouvoir, Hanane Bakour voit aujourd’hui son droit fondamental à la liberté d’expression remis en question.

Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré : « Il est choquant, disproportionné et absurde d’inculper une journaliste pour une publication sur Facebook critiquant le principal parti politique du Maroc. Hanane Bakour a le droit d’avoir ses propres opinions, même si certains politiciens désapprouvent celles-ci. »

Le procès de Hanane Bakour doit s’ouvrir lundi 10 avril devant le tribunal de première instance de Salé, une ville du nord du Maroc. Les charges découlent d’une plainte déposée par le Rassemblement national des indépendants (RNI), le parti au pouvoir, en septembre 2021. Hanane Bakour avait déclaré sur Internet que l’élection du nouveau président du conseil de ce parti dans la région de Guelmim-Oued Noun (sud du Maroc) présentait des irrégularités parce qu’un membre du RNI avait été grièvement blessé par balle à son domicile. Elle comparaît libre.

La journaliste Hanane Bakour encourt jusqu’à trois ans de prison et une amende pour avoir critiqué l’organisation d’une élection locale par le parti au pouvoir sur Facebook.

Journaliste depuis 17 ans, Hanane Bakour a travaillé pour plusieurs médias marocains, dont Akhbar Al Youm, Al Massae et Al Jarida Al Oukhra. Elle a été rédactrice en chef du site Internet alyaoum24.com jusqu’en 2021.

Selon certaines normes internationales, toute restriction de l’exercice du droit à la liberté d’expression doit être prévue par la loi en termes clairs et précis, et être nécessaire et proportionnée aux fins de protection de certains buts légitimes, tels que la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre public, de la santé ou de la moralité publiques. Les restrictions trop larges et rédigées en termes vagues concernant la liberté d’expression, comme dans le cas des « faits mensongers », ne remplissent pas ce critère. Elles limitent, et criminalisent parfois, des formes légitimes d’expression qui sont protégées par le droit national et le droit international relatifs aux droits humains.

La muselure de l’expression en ligne et hors ligne au Maroc s’inscrit dans le cadre de la répression persistante contre les avis critiques. Pour la seule année 2022, les autorités marocaines ont mené des enquêtes, lancé des poursuites et prononcé des peines d’emprisonnement contre au moins sept journalistes et militants parce qu’ils avaient critiqué le gouvernement. Des personnes s’étant exprimées en ligne sur la religion ou ayant témoigné leur solidarité avec des militants ont également été ciblées.

Cette situation alarmante souligne l’importance de défendre la liberté d’expression, un droit fondamental qui devrait être garanti pour tous, quelle que soit leur opinion ou leur position. La répression du gouvernement marocain à l’encontre de journalistes et de militants n’est pas seulement une violation de ce droit, mais aussi une menace pour la démocratie et le débat public.

Il est crucial que le Maroc respecte ses obligations internationales en matière de droits humains, y compris la garantie de la liberté d’expression. Les charges forgées de toutes pièces retenues contre Hanane Bakour doivent être immédiatement levées et les poursuites abandonnées.

Le procès de Hanane Bakour sera un moment déterminant pour l’avenir de la liberté d’expression au Maroc. La communauté internationale doit rester vigilante et faire pression sur le gouvernement marocain pour qu’il respecte les droits fondamentaux de ses citoyens, notamment la liberté d’expression et la liberté de la presse.

En définitive, la liberté d’expression est un pilier essentiel de toute société démocratique, et le Maroc ne peut se permettre de continuer à bafouer ce droit fondamental. Les autorités marocaines doivent prendre conscience de l’importance de protéger et de respecter les droits humains et la liberté d’expression, au lieu de les réprimer. Seul un débat public ouvert et libre permettra au pays de progresser et de garantir un avenir meilleur pour tous ses citoyens.