Le Maroc a toujours été connu pour son secteur agricole vital et son rôle socio-économique majeur. Malheureusement, le développement de l’agriculture n’a pas réduit le nombre de personnes malnutries dans le pays. Le dernier rapport de la FAO révèle que 2,1 millions de Marocains ont souffert de malnutrition entre 2019 et 2021. Les organisations de l’ONU, dont la FAO, le FIDA, l’UNICEF, le PAM, l’OMS et l’UNESCWA ont collaboré pour produire le rapport « Proche-Orient et Afrique du Nord: Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition 2022 ».

Le rapport souligne que le Maroc a connu un grand succès dans la planification agricole ces 20 dernières années, avec l’augmentation de la production d’exportations agricoles à haute valeur ajoutée, ainsi que la réduction de la sous-alimentation de la population. Malgré cela, la pandémie de Covid-19 a augmenté l’insécurité alimentaire dans le pays.

Le Plan Maroc Vert (PMV) lancé en 2008 a permis d’augmenter la valeur des exportations agricoles du pays de 117% pour atteindre environ 3,5 milliards de dollars et de créer 342 000 nouveaux emplois. La production de céréales au Maroc est passée de 7,8 millions de tonnes (MT) en 2010 à 3,3 MT en 2020, tandis que la production de fruits a augmenté de 4,29 MT en 2010 à 5,58 MT en 2020. Les importations de céréales ont augmenté de 5,5 MT en 2010 à 9,6 MT en 2020, tandis que les légumes ont baissé de 4,37 MT en 2010 à 3,98 MT en 2020.

Malgré les réalisations notables, le rapport a révélé que la moyenne triennale de l’insécurité alimentaire modérée à sévère au Maroc entre 2019 et 2021 s’élève à 31,6%, et le nombre de personnes malnutries est passé de 1,3 million à 2,1 millions entre 2014 et 2016. Les conditions climatiques sèches, la baisse significative des précipitations annuelles cumulées et la répartition inégale au cours de la période de croissance ont eu un impact négatif sur les campagnes agricoles, tout comme la crise pandémique et l’inflation due à la guerre russo-ukrainienne qui ont bouleversé les économies à l’échelle mondiale.

Le rapport a également révélé que la prévalence du retard de croissance chez les enfants marocains de moins de cinq ans est à 12,9 % en 2020, tandis que la prévalence du surpoids chez les enfants de moins de cinq ans est de 11,3 %. Toutes ces données sont alarmantes et soulignent la nécessité d’investir davantage dans le secteur agricole afin de lutter contre la malnutrition.

Le rapport de la FAO met également en avant le rôle de l’eau dans la sécurité alimentaire. En effet, la sécheresse et la baisse des précipitations ont un impact négatif sur la production agricole, ce qui peut causer des pénuries alimentaires. Ainsi, l’optimisation de l’utilisation de l’eau et la gestion de la ressource en eau sont des enjeux majeurs pour le secteur agricole marocain.

En réponse à cette situation, le gouvernement marocain a mis en place plusieurs programmes et politiques visant à réduire l’insécurité alimentaire et à améliorer la nutrition de la population, notamment le Programme National de l’Alimentation en Milieu Scolaire (PNAMS) qui vise à fournir un repas chaud quotidien aux élèves du primaire et du collège.

Cependant, le rapport de la FAO souligne que des efforts supplémentaires doivent être déployés pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Maroc, en particulier pour les populations les plus vulnérables. Des politiques publiques plus ciblées et des mesures spécifiques pour améliorer l’accès à l’alimentation et à l’eau sont nécessaires pour réduire le nombre de personnes malnutries et améliorer la qualité de vie des Marocains.

Il est également important de souligner que la situation alimentaire au Maroc est étroitement liée à la situation économique du pays. La pandémie de Covid-19 a eu un impact important sur l’économie marocaine, entraînant une augmentation du chômage et de la pauvreté. Les personnes les plus touchées sont souvent celles qui souffrent déjà de malnutrition et d’insécurité alimentaire. Dans ce contexte, des politiques économiques et sociales plus justes et équitables sont nécessaires pour assurer un accès à l’alimentation pour tous les Marocains.

En conclusion, la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Maroc est préoccupante, Les défis à relever sont nombreux, notamment en matière d’accès à l’eau, de gestion de la ressource et de lutte contre la pauvreté et le chômage. Des politiques publiques ciblées et des mesures spécifiques sont nécessaires pour améliorer la qualité de vie des Marocains et réduire le nombre de personnes malnutries.