Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié en octobre dernier une note inquiétante intitulée « Évolution des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la covid-19 et de la hausse des prix » qui a révélé que près de 7 années de progrès vers l’élimination de la pauvreté et de la vulnérabilité ont été perdues au Maroc. Les effets de la pandémie combinés à l’inflation ont entraîné le basculement de 3,2 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté ou la vulnérabilité. Ce contexte difficile a favorisé la pratique de la mendicité, une profession lucrative relevant du secteur informel au Maroc, et faisant l’objet d’un commerce estimé à 27 milliards de dirhams par an.
La loi pénale marocaine criminalise la mendicité et prévoit des peines de prison pour les mendiants même handicapés ou indigents, qui usent de menaces ou font semblant d’être malades, ou qui sont accompagnés d’un ou plusieurs enfants de moins de 13 ans autres que leur progéniture. Cependant, cette pratique continue à être tolérée et même encouragée par certaines personnes.
Face à cette situation, des citoyens marocains ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux contre la mendicité. Ils appellent à diriger la charité vers les personnes qui en ont réellement besoin plutôt que vers ceux qui pratiquent la mendicité. Ils reprochent également aux autorités de ne pas assumer leur responsabilité dans la lutte contre ce fléau grandissant.
Pour lutter contre la mendicité, les autorités locales et les services de sécurité mettent en œuvre tous les moyens matériels et humains, en utilisant des systèmes de surveillance avec des caméras installées sur la voie publique, afin de surveiller directement et d’intervenir immédiatement pour arrêter les personnes impliquées ou les empêcher de poursuivre cette activité.
Mendicité au Maroc : un phénomène inquiétant et nuisible
La mendicité est considérée comme un phénomène inquiétant et nuisible par Mohamed El Nouhaili, un militant des droits civils et humains. Il estime que la mendicité est telle une épidémie contagieuse qui contribue à l’enrichissement illégal des personnes qui l’exercent, alors qu’elles ne sont pas dans un état de besoin. Il appelle les autorités à faire respecter la loi et à ne pas tolérer cette pratique.
El Nouhaili explique que certains mendiants peuvent réaliser des revenus supérieurs à 500 dirhams par jour, un montant que même les employés les plus élevés ne perçoivent pas. Il dénonce également les formes de fraude que certains utilisent, prétendant avoir un handicap ou une maladie spécifique, ou demandant à acheter un médicament spécifique, ce qui remet en cause le système de protection sociale.
De plus, la campagne sur les réseaux sociaux contre la mendicité lancée par les citoyens a pris de l’ampleur ces derniers temps, avec des publications appelant à diriger la charité vers ceux qui en ont vraiment besoin plutôt que vers ceux qui pratiquent la mendicité. Certains citoyens ont exprimé leur frustration face à l’inaction des autorités dans la lutte contre ce phénomène. La loi pénale marocaine criminalise la mendicité et prévoit des peines allant jusqu’à un an de prison pour les mendiants.
Mohamed El Nouhaili, militant des droits civils et humains, a déclaré à Hespress que la mendicité est un phénomène inquiétant qui s’apparente à une épidémie contagieuse. Il a également souligné que la mendicité dans les rues contribue à l’enrichissement illégal et que certains mendiants gagnent plus de 500 dirhams par jour, ce qui est un montant que même les employés les mieux payés ne perçoivent pas.
El Nouhaili a critiqué les appels à la mobilisation des unités de protection sociale et le rassemblement des mendiants dans des centres sociaux, affirmant qu’ils n’en ont pas besoin. Il a souligné que le phénomène de la mendicité est lié à des mendiants professionnels qui disposent d’énormes sommes d’argent estimées à des millions. Il a également dénoncé l’exploitation des enfants et la traite des êtres humains, appelant à un suivi et à une protection sociale pour ces enfants.
Le ministère de l’Intérieur a révélé que les interventions sur le terrain pour lutter contre le phénomène de la mendicité ont abouti à l’enregistrement d’un total de 28 597 cas en 2021, avec l’arrestation de 32 669 personnes, dont 2 975 étrangers. Au cours de la période allant du 1er janvier au 15 août 2022, un total de 2 425 cas ont été enregistrés et 28 769 personnes ont été arrêtées, dont 2 408 étrangers. Les services de sécurité, en coordination avec les autorités locales, mettent en œuvre tous les moyens matériels et humains pour lutter contre ce phénomène, en utilisant des systèmes de surveillance avec des caméras installées sur la voie publique pour surveiller directement et intervenir immédiatement pour arrêter les personnes impliquées ou les empêcher de poursuivre cette activité dans certains lieux connus pour propager ce phénomène.
En fin de compte, la lutte contre la mendicité au Maroc est un enjeu important pour les autorités, les citoyens et la société dans son ensemble. Le phénomène de la mendicité, qu’elle soit volontaire ou non, contribue à la propagation de la pauvreté et de la vulnérabilité et nuit à l’image du pays en matière de développement. Les autorités doivent prendre des mesures plus fermes pour lutter contre ce fléau et pour assurer une protection sociale aux personnes qui en ont vraiment besoin.