Le drame qui vient de se jouer au large de la Plage Blanche près de Guelmim, dans le sud du Maroc, où 11 migrants ont péri dans le naufrage de leur embarcation, nous rappelle l’ampleur et la complexité de la crise migratoire qui frappe notre monde. Parmi les victimes, huit Marocains et trois ressortissants de pays subsahariens, dont un couple et un nourrisson de moins de deux ans, ont perdu la vie dans cette tragédie.
La position géographique du Maroc, situé à la pointe nord-ouest de l’Afrique, en fait un pays de transit pour de nombreux migrants, surtout ceux en provenance des pays subsahariens, qui cherchent à rejoindre l’Europe depuis ses côtes atlantique et méditerranéenne. Selon un rapport publié en décembre par l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 11 200 migrants ont perdu la vie ou disparu depuis 2018 en tentant de rejoindre l’Espagne depuis le Maroc, soit une moyenne de six par jour. La route entre la côte nord-ouest de l’Afrique et les îles Canaries est particulièrement meurtrière, avec près de 7 692 migrants décédés.
Malgré une diminution de l’immigration irrégulière en Espagne de plus de 25% en 2022, notamment due à une baisse du nombre d’arrivées par voie maritime, les drames continuent de se produire. Le ministère espagnol de l’Intérieur attribue cette baisse à l’augmentation de la coopération avec les pays d’origine et de transit et au renforcement de la lutte contre les mafias impliquées dans la traite des êtres humains. Cette coopération s’est intensifiée à la fin de l’année dernière, après la résolution du différend diplomatique entre l’Espagne et le Maroc sur la question du Sahara.
Cependant, cette tragédie met en lumière l’insuffisance des mesures prises pour endiguer la crise migratoire et les drames humains qui en découlent. Les migrants continuent de risquer leur vie en tentant de traverser des frontières dangereuses, souvent avec l’aide de passeurs sans scrupules. Par ailleurs, les conditions de vie précaires et l’absence de perspectives d’avenir dans leur pays d’origine poussent ces personnes à entreprendre des voyages périlleux.
Face à cette situation, il est impératif de repenser notre approche de la migration et d’adopter des politiques plus humanistes, en tenant compte des causes profondes de la crise. Les gouvernements doivent collaborer de manière plus étroite pour offrir des voies légales et sûres aux migrants, ainsi que pour lutter contre les réseaux de passeurs. De plus, il est crucial de mettre en place des programmes de développement économique et social dans les pays d’origine afin de créer des opportunités pour les populations locales et de réduire les incitations à la migration irrégulière.
La tragédie du naufrage au large de Guelmim nous rappelle que, derrière les chiffres et les statistiques, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. Il est de notre responsabilité collective de ne pas fermer les yeux sur ces drames et de travailler ensemble pour trouver des solutions durables, équitables et justes à cette crise migratoire qui n’épargne personne.
Les efforts déployés par le Maroc et l’Espagne pour renforcer leur coopération dans la lutte contre les mafias impliquées dans la traite des êtres humains sont certes louables, mais il ne faut pas oublier que ces initiatives ne suffisent pas à elles seules pour résoudre la crise. La coopération internationale doit s’étendre bien au-delà des seuls pays concernés par les flux migratoires et impliquer l’ensemble de la communauté internationale.
La récente catastrophe au large du Maroc doit être considérée comme un appel à l’action pour tous les acteurs concernés : les gouvernements, les organisations internationales, les ONG et la société civile. Nous devons tous nous mobiliser pour mettre en place des politiques migratoires plus éthiques et respectueuses des droits de l’Homme, afin de prévenir de telles tragédies à l’avenir.
Enfin, en tant que média, il est de notre devoir de ne pas laisser ces histoires tomber dans l’oubli et de continuer à informer sur les réalités de la migration, les défis auxquels sont confrontés les migrants et les solutions possibles pour construire un monde plus solidaire et inclusif. Les victimes du naufrage de Guelmim ne doivent pas être réduites à de simples statistiques, mais doivent être considérées comme un rappel poignant de l’urgence d’agir pour mettre fin à cette crise humanitaire.