France : Quatre ans après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, une juge française enquête sur une plainte accusant les autorités de n’avoir pas pris toutes les précautions nécessaires pour éviter des contaminations au plomb. Une association de défense de la santé en lien avec le travail et l’environnement, le syndicat CGT et deux parents d’élèves ont obtenu, via une plainte avec constitution de partie civile déposée en juin 2022, la désignation d’une juge d’instruction parisienne.

Dans la nuit du 15 avril 2019, un gigantesque incendie ravage la cathédrale Notre-Dame de Paris, chef-d’oeuvre de l’architecture gothique, provoquant l’effondrement de sa charpente, de sa fameuse flèche, de son horloge et d’une partie de sa voûte. Dans le brasier, 400 tonnes de plomb du toit et de la flèche de Notre-Dame partent en fumée, soit « près de quatre fois les émissions annuelles de plomb dans l’atmosphère, dans la France entière », selon les plaignants.

Si le risque lié à une pollution de l’air est assez rapidement écarté, riverains et associations s’inquiètent vite de la retombée au sol de ce métal lourd toxique, qui peut être rapporté chez soi sous ses semelles et être ingéré par les enfants. « Il n’existe pas de concentration dans le sang qui soit sans danger », avertit d’ailleurs l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Douze jours après l’incendie, la préfecture de police recommande aux riverains de nettoyer leurs habitations. Elle souligne avoir interdit temporairement au public certaines zones, notamment des jardins aux abords de la cathédrale présentant des traces de plomb. A l’été 2019, le parvis est fermé et le chantier suspendu quelques semaines, après différentes alertes sur les niveaux de plomb mesurés. A la réouverture, de nouvelles mesures de protection sont prises pour les travailleurs.

En juillet 2021, l’agence gouvernementale Santé publique France indique d’ailleurs que l’incendie n’a pas causé d’augmentation « significative » de la concentration de plomb dans le sang des enfants riverains. Cependant, selon les plaignants, « aucune précaution particulière n’a été prise par les autorités concernées pendant plus de trois mois après l’incendie », mettant en danger les « enfants (dans les crèches et écoles), les riverains et les travailleurs (du quartier et de la cathédrale) ».

Pour les plaignants, l’Agence régionale de santé, la préfecture de police, la mairie de Paris ou encore le ministère de la Culture auraient dû prendre les mesures les plus drastiques juste après l’incendie. Ils s’inquiètent également de la dissémination accrue du plomb imputée au chantier titanesque lancé juste après l’incendie, ainsi que du manque de mesures.