Maroc USA: Le directeur général du pôle DGST-DGSN, Abdellatif Hammouchi, a reçu en audience ce vendredi 7 avril, le directeur de l’Agence de renseignement américaine (CIA), William Burns. Cette rencontre bilatérale, qui s’inscrit dans le cadre des réunions régulières entre les deux parties, a pour objectif de faire le suivi de la mise en œuvre des résultats de la visite de travail effectuée par Hammouchi aux États-Unis en juin 2022.
Lors de cette rencontre, les deux responsables ont abordé divers sujets liés à la sécurité régionale et internationale, notamment l’évaluation de la situation sécuritaire, les risques associés, les menaces et les défis sécuritaires découlant de la situation tendue dans certaines régions du monde, ainsi que le suivi et l’anticipation des menaces émanant des organisations terroristes, notamment dans la région sahélo-saharienne.
Cette visite, qui témoigne de la solidité et de la profondeur de la coopération stratégique et de la coordination dans les domaines sécuritaire et de renseignement entre la DGST et l’Agence centrale du renseignement américaine, vise à renforcer cette coopération et à consolider la coordination bilatérale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et les diverses menaces à la sécurité aux niveaux régional et international.
Cependant, cette rencontre suscite de nombreuses interrogations quant à l’utilisation des renseignements obtenus grâce à cette coopération. En effet, la DGST est régulièrement accusée de violations des droits de l’homme et de la liberté d’expression. En 2014, l’affaire Benallou et la diffusion de vidéos montrant un homme torturé dans les locaux de la DGST ont suscité de vives critiques de la part de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme.
De plus, le rôle de la CIA dans les opérations de renseignement et les interventions militaires dans des pays étrangers soulève également des inquiétudes quant au respect des lois et des droits humains. Les récentes révélations sur le rôle de la CIA dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi ont mis en évidence les risques de la coopération avec des agences de renseignement étrangères.
Enfin, cette rencontre intervient dans un contexte diplomatique tendu entre les États-Unis et certains pays musulmans, notamment après les récentes déclarations de Joe Biden qualifiant la Turquie et l’Arabie Saoudite de « tueurs de journalistes » et les accusations de violations des droits de l’homme au Maroc. Dans ce contexte, cette visite pourrait être perçue comme une approbation tacite des pratiques de la DGST et du gouvernement marocain.
En conclusion, cette rencontre entre Abdellatif Hammouchi et William Burns souligne l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et les menaces à la sécurité. Cependant, elle soulève également des questions quant à l’utilisation des renseignements obtenus et au respect des droits de l’homme. La société civile et les organisations de défense des droits humains doivent donc être vigilant quant à l’utilisation de ces renseignements et au respect des droits humains par les agences de renseignement impliquées dans cette coopération.
Il est essentiel que la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et les menaces à la sécurité s’accompagne d’un engagement ferme à respecter les droits humains et les libertés fondamentales. Les gouvernements doivent être transparents sur la nature et l’étendue de leur coopération avec des agences de renseignement étrangères, et les citoyens doivent pouvoir exercer leur droit à l’information et à la surveillance de l’action gouvernementale.
Il est également crucial que les journalistes et les défenseurs des droits humains soient protégés contre les représailles pour leur travail. Les gouvernements doivent respecter le droit à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, et s’abstenir de recourir à des pratiques de surveillance illégales ou de cibler des journalistes et des défenseurs des droits humains pour leur travail.
Enfin, il est important que les gouvernements, y compris ceux qui sont impliqués dans la coopération internationale en matière de renseignement, respectent les normes internationales en matière de droits humains et de libertés fondamentales. Les violations de ces normes doivent être dénoncées et les responsables doivent être tenus pour responsables.
En somme, cette rencontre entre Abdellatif Hammouchi et William Burns met en lumière les enjeux de la coopération internationale en matière de renseignement et de sécurité. Cette coopération peut être un outil essentiel dans la lutte contre le terrorisme et les menaces à la sécurité, mais elle doit être accompagnée d’un engagement ferme en faveur des droits humains et des libertés fondamentales. Les citoyens, les journalistes et les défenseurs des droits humains doivent être protégés contre les représailles, et les gouvernements doivent respecter les normes internationales en matière de droits humains et de libertés fondamentales.