En Afrique, quinze pays sont déjà engagés dans le développement ou le déploiement des monnaies numériques de banque centrale (MNBC). Le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Ghana sont parmi les leaders du mouvement sur le continent, tandis que d’autres pays comme le Maroc, le Rwanda, le Kenya et Madagascar sont en phase de recherche.

Le Nigeria et l’enaira

L’enaira, la première MNBC du continent, a été lancée au Nigeria en octobre 2021 et a déjà attiré près d’un million d’utilisateurs. La Banque centrale du Nigeria (CBN) vise au moins 8 millions de comptes enairas ouverts, en concurrence avec les 190 millions de comptes bancaires traditionnels. La CBN souhaite également développer une plateforme sur-mesure avec l’aide de la société technologique new-yorkaise R3.

Les enjeux de souveraineté monétaire, Covid-19 et inclusion financière

La popularité des MNBC a augmenté ces dernières années, avec 114 pays envisageant une monnaie numérique de banque centrale. L’inclusion financière est un argument clé pour le développement des MNBC en Afrique, d’autant plus que la crise du Covid-19 a exacerbé les problèmes d’accès aux services bancaires.

Les défis et les risques liés aux monnaies numériques

Risques juridiques et barrières frontalières

Malgré les avantages potentiels, les MNBC présentent de nombreux défis. Les paiements transfrontaliers restent coûteux et complexes, et les déploiements de MNBC peuvent avoir un impact significatif sur les systèmes financiers nationaux. Des questions subsistent également sur la protection des données personnelles et le respect de la vie privée.

Le silence inquiet des banquiers

Les banques africaines restent silencieuses sur les projets de MNBC préparés par leurs régulateurs, mais expriment leurs inquiétudes ailleurs. Les banques et autres acteurs financiers sont préoccupés par la manière dont les MNBC pourraient affecter leurs investissements dans les paiements numériques et les services financiers.

Les conséquences pour les acteurs traditionnels et la fintech africaine

Des intermédiaires « inutiles » ?

Les MNBC ont le potentiel d’éliminer les intermédiaires tiers et de rationaliser les paiements. Cela pourrait avoir un impact considérable sur les start-up, les banques et les acteurs des télécommunications en Afrique qui jouent actuellement ce rôle d’intermédiaires.

Les opportunités et les incertitudes pour l’avenir

Le déploiement des MNBC en Afrique est encore en cours, et il reste à voir comment elles façonneront l’écosystème financier du continent. Les acteurs traditionnels et les fintechs devront s’adapter pour tirer parti des nouvelles opportunités et faire face aux défis posés par cette révolution monétaire numérique.

En conclusion, la montée des monnaies numériques en Afrique représente une occasion unique de transformer l’inclusion financière, d’accélérer la croissance économique et d’atténuer les problèmes liés à l’accès aux services bancaires. Cependant, il est essentiel de prendre en compte les risques et les défis associés à l’adoption des MNBC pour assurer leur succès et éviter les conséquences négatives.

La collaboration entre les acteurs est cruciale

La collaboration entre les banques centrales, les banques commerciales, les entreprises fintech et les acteurs des télécommunications sera essentielle pour garantir l’interopérabilité et la facilité d’utilisation des MNBC. Cela favorisera une adoption plus large et contribuera à résoudre les problèmes de fragmentation des systèmes de paiement existants.

L’éducation financière et la régulation

L’éducation financière et la sensibilisation du public aux avantages et aux risques des MNBC sont nécessaires pour assurer une adoption réussie. Les gouvernements et les institutions financières devront également travailler ensemble pour mettre en place des régulations et des politiques appropriées pour protéger les consommateurs et garantir la stabilité du système financier.

La résilience et la sécurité des infrastructures

La sécurité et la résilience des infrastructures sont primordiales pour garantir la fiabilité et la confiance dans les MNBC. Les banques centrales et les autres acteurs impliqués devront investir dans des infrastructures solides et sécurisées pour éviter les failles de sécurité et les attaques potentielles.

La coopération internationale

La coopération internationale est nécessaire pour aborder les défis liés aux paiements transfrontaliers et aux questions juridiques. Les institutions internationales, telles que le FMI et la Banque mondiale, peuvent jouer un rôle important dans la promotion de l’échange d’informations, des bonnes pratiques et des cadres réglementaires harmonisés pour faciliter l’adoption des MNBC à l’échelle mondiale.

Dans l’ensemble, la révolution des monnaies numériques en Afrique est encore à ses débuts, mais elle offre d’énormes opportunités pour transformer l’inclusion financière et stimuler la croissance économique sur le continent. Les acteurs impliqués devront travailler ensemble pour surmonter les défis et maximiser les bénéfices potentiels de cette innovation technologique majeure.