Le samedi soir, plusieurs manifestations ont éclaté dans différentes villes du Maroc, dont Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, pour protester contre la hausse des prix des denrées alimentaires et l’inflation galopante qui mine le pouvoir d’achat des catégories les plus modestes et vulnérables de la société marocaine. Ces rassemblements sont organisés par le Front social, une coalition de partis de gauche, de syndicats et d’ONG de défense des droits de l’homme.

À Rabat, une centaine de manifestants, jeunes et moins jeunes, se sont rassemblés devant le Parlement pour exprimer leur colère contre la cherté de la vie. La situation est exacerbée par le mois sacré du Ramadan, période durant laquelle la consommation est plus importante que d’habitude. Les prix des produits alimentaires ont ainsi augmenté de près de 19%, un chiffre alarmant pour le quotidien des Marocains.

Les banderoles brandies par les manifestants dénonçaient « l’oppression sociale, la pauvreté et les prix élevés ». Les slogans exigeaient que le gouvernement intervienne pour contrôler les prix et protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Pendant une heure, les participants ont scandé des slogans tels que « Le peuple veut la baisse des prix » ou encore « Luttons contre les prix élevés, contre la corruption, contre la tyrannie, contre l’appauvrissement… ».

Le Front social marocain, qui a appelé à ces manifestations, revendique la tenue de rassemblements similaires dans une cinquantaine de villes marocaines. Les protestataires réunis à Rabat ont fermement rejeté les justifications gouvernementales concernant les hausses des prix et exigé des sanctions à l’encontre de la spéculation et des trusts monopoleurs de marchandises, afin de réparer le tort causé aux citoyens.

Abdelaziz Belhassen, membre du bureau politique de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), a déclaré que ces manifestations symbolisaient la « protestation contre les piètres conditions dans lesquelles vit le peuple marocain » et que le Royaume « n’a jamais été témoin d’une situation similaire, même pas en 1981 (émeutes du pain) ». Il a également mis en garde contre l’exode rural qui « augmentera parce que les prix ont atteint des niveaux sans précédent pour le commun des citoyens ».

Les manifestants de Rabat ont également dénoncé « les privilèges pour les fortunés et le fardeau des impôts », critiquant le budget 2023 qui, selon eux, est « un appel à la mort du citoyen ». Le Front social marocain a appelé à « la rétractation immédiate des augmentations massives que les masses populaires ne peuvent plus supporter » et à la nationalisation de la raffinerie marocaine de pétrole « Samir », estimant que sa privatisation a été « une catastrophe pour le peuple marocain en général ». Ils ont également réclamé des mesures pour lutter contre le chômage des jeunes et améliorer leurs perspectives d’emploi.

Les manifestations qui se sont déroulées samedi soir témoignent d’une grogne populaire croissante face à l’inflation et la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens marocains. Le gouvernement se retrouve ainsi face à une pression accrue pour prendre des mesures concrètes afin de protéger les plus vulnérables et garantir une meilleure répartition des richesses.

La situation économique au Maroc, déjà préoccupante, est exacerbée par le contexte international et les conséquences de la pandémie de COVID-19. Les inégalités sociales s’accentuent, et les manifestations de colère pourraient bien se multiplier si les autorités ne prennent pas les mesures adéquates pour protéger les citoyens les plus démunis.

Les mouvements de contestation qui se sont multipliés ces derniers jours soulèvent des questions essentielles sur l’avenir du Maroc et sur les défis auxquels les autorités doivent faire face pour garantir une vie décente à tous les Marocains. Il est primordial que le gouvernement prenne en compte les revendications légitimes des manifestants et mette en place des politiques économiques et sociales adaptées pour lutter contre l’inflation, la pauvreté et les inégalités.

Enfin, il convient de souligner l’importance de la mobilisation citoyenne et de la solidarité dans ces moments de crise. Les manifestations organisées par le Front social marocain montrent que les Marocains sont prêts à se battre pour leurs droits et à faire entendre leurs voix. Les autorités seraient bien avisées de prendre en compte ces revendications pour éviter une escalade de la contestation et préserver la cohésion sociale dans le pays.